Between 5 to 5 and(2002), Ex (1998).
Aurélien Richard
LAMENTO
© Nicolas Le Moal
Lamento est le second volet d’un ensemble de propositions performatives amorcé dès juin
2010 par Aurélien RICHARD avec « Limen », commandé par Thomas FERRAND, en
partenariat avec Projet Libéral, Liminal, la Ménagerie de verre.
LAMENTO
NOTE AU PUBLIC
Partir d’une définition : le « lamento », musique ou chant exprimant
la tristesse, la plainte.
Rêver d’une célébration funèbre en plein air, dispositif qui serait
activé tout au long de la journée par une vingtaine de performers et
qui connaîtrait son point d’acmé à la tombée de la nuit, moment où
vous seriez conviés à le partager.
Célébrer les morts donc, pourquoi pas, mais les vivants aussi, et le
faire en musique et en corps. Comme une lourde pavane, sombre, lente.
Dans un premier temps, avoir imaginé une partition d’actions, de
mouvements et de séquences musicales pour chacune de ces personnes,
devant se dérouler en un temps imparti dont le décompte est apparent.
Avoir envoyé par mail cette partition minimale aux performers,
quelques semaines seulement avant la date de la performance.
Avoir imaginé un temps de répétition court, pour à la fois « entrer »
dans un travail, un univers, mais aussi pour laisser un peu de
latitude, de liberté aux « interprètes », une ouverture à l’autre, aux
autres et à tout événement qui pourrait avoir lieu lors de cette
cérémonie (car cérémonie décidément et pas autre chose).
La partition jouée ici, même « saturée » de corps, sera d’essence
totalement musicale.
Principes d’unissons, de ralentissement ou d’accélération des actions,
de silences, de résonances ou de miroirs spatiaux.
Ce qui m’intéresse beaucoup ici, c’est d’arriver à produire des
moments de tuilage entre les différents matériaux, ce qui aurait comme
résultante de permettre des temps « d’entre-deux », entre le geste
quotidien et l’action performative, sur le principe des zones
liminales de la musique spectrale.
J’ai toujours l’impression, quand je compose une musique ou que
j’écris pour la danse, qu’il existe une tension entre mon intention
d’« écrivain » et la résistance du matériau, ce qui crée une richesse
de conséquences qui me ravissent d’autant plus qu’il est joué,
interprété par une personne vivante, cette dernière forcément soumise
à ses limites et ses imperfections.
Ces « seuils » de perception (celle des performers et la vôtre) seront
d’autant plus grands dans cette performance que le matériau est diffus
et que les espaces de représentation et le vôtre peuvent se confondre.
J’ai donné également quelques outils simples, une couleur
d’interprétation, et deux cadres : celui de la partition (donc le
temps et son déploiement) et celui de l’espace (un carré magique au
sol, mouvant, permettant des trajectoires).
Cette performance me fait rêver à la création progressive d’un
« paysage sous surveillance », d’autant plus libre qu’il aura été
quadrillé, balisé, encadré, soumis au déroulement du temps.
Il y aura une seule action commune à tous, mais de cela, vous n’en
saurez rien avant de l’avoir vue.
Convoquer des fantômes et les installer dans la durée, enfermer les
corps dans des images. Qu’existe-t-il entre ces personnes vivantes
tournant sans cesse autour d’elles-mêmes, qu’est-ce qui a existé entre
eux ?
(Pensée : l’homme vit longtemps quand tout semble mort en lui)
Aurélien Richard
Aurélien Richard
Élève d’Eliane Richepin, de Charles Rosen, conseillé par Florent Boffard et Roger
Muraro, il est titulaire du Diplôme d’État de professeur de piano, Prix Yvonne Loriod-
Messiaen, Prix de la Sacem. Il a été chef de chant à l’Opéra National de Paris, où il a
travaillé avec William Forsythe, Jiri Kylian et Maurice Béjart, ainsi qu’avec les Arts
Florissants, William Christie et Robert Carsen. Il donne de nombreux récitals et
concerts de musique de chambre à travers la France et à l’étranger et se produit
dans les festivals, à la radio et à la télévision. Il a joué à Radio-France, à l’Opéra
Garnier, au Centre national de la danse, à l’IRCAM, au Centre Georges Pompidou,
au Théâtre du Châtelet à Paris. Récemment, il a collaboré avec le quatuor Diotima,
l’ensemble 2E2M et l’Orchestre Les Siècles. Il crée de nombreuses compositions
comme celles de Chrystel Marchand, Miroslav Srnka, Oscar Strasnoy, Florian Parra,
Anthony Girard ou Valery Arzoumanov. Compositeur, il a remporté le prix de la
meilleure création sonore et musicale du 14e Festival de cinéma Côté Court de
Pantin en 2005. Il écrit principalement pour la danse et le cinéma, tout en
composant des pièces strictement musicales. Dans le champ chorégraphique, il
collabore aux projets de l’ensemble l’Abrupt/Alban Richard, ainsi qu’à ceux de David
Wampach, Mickaël Phelippeau, Jonathan Capdevielle, François Chaignaud et Cecilia
Bengolea, Gaël Sesboüé. Il travaille aussi pour le théâtre avec Benjamin Lazar. Par
ailleurs, il écrit ses propres spectacles et performances. Les deux derniers projets,
Hoketus et Limen, ont été créés au Printemps de Septembre à Toulouse et à la
Ménagerie de verre à Paris, repris à la MC2 de Grenoble et au CND à Pantin.
Aurélien Richard enregistre en 2011 l’oeuvre pour piano de Chrystel Marchand pour
le label Skarbo et le « Paradis perdu » de Théodore Dubois pour le label Musicales
Actes Sud.est pianiste, compositeur et chorégraphe.